Un médicament révolutionnaire ciblant les métastases et la chimio-résistance
Plongeons dans le récit de cette aventure scientifique fascinante, de la recherche à la découverte d’un médicament anticancéreux, qui suscite la passion du Professeur Cédric Blanpain de la Faculté de Médecine de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Ses recherches ont fait naître l’espoir de mettre à la disposition du plus grand nombre un traitement révolutionnaire.
Le Professeur Blanpain, avec un sourire rayonnant, évoque la joie incommensurable des chercheurs lorsqu’ils aperçoivent enfin la lumière au bout du tunnel. “Nous sommes souvent interrogés sur la disponibilité du médicament. Cette fois, nous pouvons répondre que le médicament existe, que la molécule semble fonctionner pour combattre ce que nous souhaitons empêcher”, s’enthousiasme-t-il.
Bien que cette découverte soit une première mondiale, le chemin entre le laboratoire et le traitement des patients ordinaires est encore long. Cependant, elle représente une avancée significative dans la lutte contre la résistance des tumeurs à la chimiothérapie et contre la formation de métastases, méritant ainsi toute notre attention.
Pour comprendre l’importance de cette avancée, le Professeur Cédric Blanpain explique les résultats des recherches menées en collaboration avec le Centre de recherche en cancérologie de Lyon : “Grâce à ce médicament, nous avons pu démontrer, dans des modèles précliniques, que nous réduisions le développement des métastases et augmentions la sensibilité des cellules cancéreuses à la chimiothérapie. En présence de ce nouveau médicament combiné à la chimiothérapie, ces cellules cancéreuses mouraient beaucoup plus que lorsqu’elles étaient traitées uniquement avec la chimiothérapie classique.“
Avant de plonger plus loin dans cette découverte, il est important de comprendre le processus de formation des métastases. Les cellules cancéreuses se détachent de leur environnement d’origine et acquièrent des propriétés invasives, un phénomène crucial appelé “transition épithélio-mésenchymateuse” ou EMT, en abrégé.
Une fois ce mécanisme bien saisi, il est primordial de trouver la cible à viser pour activer ou inhiber ce processus. En étroite collaboration avec l’équipe de recherche du Professeur Patrick Mehlen à Lyon, l’équipe de l’ULB dirigée par le Professeur Cédric Blanpain, responsable du Laboratoire des cellules souches et du cancer, a réussi à identifier une molécule cruciale : la Nétrine-1.
La Nétrine-1 est exprimée par les cellules cancéreuses dans de nombreux types de cancer, et elle joue un rôle essentiel dans le déclenchement du processus de métastase, c’est-à-dire la transition EMT. Autrement dit, lorsque la Nétrine-1 augmente, le processus de formation des métastases est favorisé, tandis que lorsque cette molécule est inhibée, le développement des métastases est entravé. Ces résultats, obtenus chez la souris et confirmés chez l’humain, ont été publiés dans deux articles de la prestigieuse revue Nature.
Mieux encore, en collaboration avec l’équipe lyonnaise, l’équipe du Professeur Blanpain a découvert qu’un médicament fabriqué par NETRIS Pharma ciblant spécifiquement l’interaction entre la Nétrine-1 et son récepteur permettait de réduire la formation des tumeurs et de diminuer leur capacité à se propager sous forme de métastases.
Le Professeur Blanpain raconte avec enthousiasme : “Nous avions connaissance d’une étude clinique utilisant des anticorps monoclonaux thérapeutiques pour bloquer la Nétrine-1 chez l’homme. Nous avons donc contacté l’équipe de Lyon avec laquelle nous avons collaboré et avons pu tester leur médicament sur le processus de transition EMT, sur la diminution des métastases et sur la réponse à la chimiothérapie. Dans ces trois cas, nous avons pu démontrer l’extrême efficacité de ce médicament.“
Bien que cette découverte soit une première étape prometteuse, il reste encore à démontrer que l’administration de ce médicament aux patientes atteintes de cancer de l’endomètre permettra d’améliorer leur survie. Cela nécessitera davantage d’études cliniques impliquant un plus grand nombre de patientes.
Cette avancée scientifique représente un pas de géant dans la lutte contre le cancer, et l’espoir est grand de pouvoir bientôt offrir un nouveau traitement accessible à un plus grand nombre de personnes touchées par cette redoutable maladie. Toutefois, cela exige encore patience, travail acharné et coopération internationale pour mener à bien ces essais cliniques cruciaux et apporter un espoir tangible aux patients atteints de cancer.